EXPOSITION TEMPORAIRE

Ron English: La réinvention du Guernica

2017-04-04 - 2017-12-10

Présentation

Ron English

Né en 1959 à Decatur (Illinois), Ron English est un artiste américain contemporain qui explore l’image de marque et la publicité. Il est connu par son usage des couleurs et des collages de bandes dessinées. Il est l’un des artistes vivant les plus prolifiques et les plus reconnus. Il a bombardé le paysage mondial avec des images inoubliables sur les murs des rues, dans les musées, les films, les livres et à la télévision. Il a même forgé le mot POPaganda pour décrire son style particulier – un mélange de pierres angulaires de la haute culture et de la culture populaire, des super héros de la mythologie aux totems de l’histoire de l’art tels que le ”Guernica” de Picasso.

Ron est un peintre issu des Beaux-Arts qui se spécialise dans la peinture à l’huile. Il détient un baccalauréat en Beaux-Arts à l’Université de North Texas à Denton. Après avoir complété sa maitrise en Beaux-Arts à l’Université du Texas. Il a déménagé à New York où il a travaillé en tant qu’apprenti avec plusieurs artistes avant de commencer à vendre ses propres tableaux. Son style dominant est caractérisé par l’usage du photoréalisme, de couleurs marquantes et l’appropriation de l’imagerie populaire. Beaucoup le considèrent comme l’un des artistes les plus talentueux de sa génération. L’enfance revisitée et retravaillée d’un point de vue adulte ainsi que l’exploration de la face cachée de l’imagerie populaire sont les thèmes qui reviennent souvent dans son oeuvre. English utilise également l’imagerie historique comme modèle pour explorer des questions universelles. Il a souvent retravaillé des images comme La Dernière Cène, La Nuit Étoilée et le “Guernica” de Picasso. En 2006, il fit l’oeuvre nommée Grade School “Guernica”, l’une de ses versions de “Guernica”, au Station Museum of Contemporary Art à Houston. Le tableau illustre la scène, jouer par ses enfants, du point de vue du bombardier, et depuis lors, il a créé plus d’une centaine d’oeuvres d’art.

La réinvention du Guernica

Pour moi, le “Guernica” représente un modèle moderne, tout comme la Vierge et l’Enfant est un ancien modèle. Il y a plusieurs modèles dans le domaine de l’art, des ossatures sur lesquelles un artiste façonne une vision, contribuant ainsi à une expérience culturelle partagée. L’art existait bien avant le concept du Nouveau – l’idée d’une vision singulière et de la propriété intellectuelle. J’ai donc approché le modèle du “Guernica”, conscient et respectueux de sa valeur et de sa signification culturelle. C’est un concentré visuel de l’horreur accablante et gratuite de la guerre moderne. Cependant, je suis de l’opinion que le point culturel à retenir est exactement le contraire. Il transforme une tragédie incompréhensible en une bande dessinée narratif, quelque chose qui peut-être plus facilement assimilée. . C’est dans la nature humaine de prendre nos distances face à l’instantanéité des émotions accablantes qui n’ont pas été diluées en les recouvrant d’une narration qui les simplifie, et en effet, qui les réduit de trois à deux dimensions. Et, c’est bien ce concept sous-jacent que j’essaie de résoudre dans toutes mes versions du “Guernica”.

 

J’ai fait plus de cent versions différentes du “Guernica”. Je peux utiliser différents personnages et respecter la composition du tableau plus ou moins fidèlement dans différentes versions, mais j’improvise le même message de base – que les tendances culturelles sont ancrcées dans notre narration. Mes “Guernica”s attirent l’attention sur la place du produit de la culture corporative mondial utilisant la guerre comme divertissement et le divertissement comme guerre.

J’ai un arsenal de personnages que j’ai développé au fil des années, et je les utilise de plus en plus en tant qu’archétypes personnels pour colorer la narration et les imprimer sur les modèles de mon art. MC Supersized représente ma version de Ronald MacDonald. C’est à quoi ressemblerait Ronald s’il avait réellement mangé la bouffe que MacDonald vend partout. Je le considère comme le Buddha occidental dans le sens que notre religion est la surconsommation est devenu notre religion, et qu’il represente le consommateur par excellence. Mon Lapin représente le prolétariat dans le sens que les lapins ont été traditionnellement utilisés dans l’art par des gens comme Joseph Beuys. Cependant, le mien est un lapin extraterrestre doté d’un troisième oeil, encore nerveux, agité, bref, de la nourriture pour les loups cosmiques. Ma cowgirl évoque des fortes réactions entre les gens. Ils la trouvent drôle et un petit peu dérangeante. Je la vois comme une porte-parole pour l’hormone de croissance bovine, et à traves elle, j’explore les rapports entre la nourriture et le sexe, la nourriture au sens propre et la sexualisation du lait maternel.

J’aime mettre en scène mes “Guernica”s de différents points de vue. À cette fin, j’ai créé des plateaux avec des modèles 3D que je peux illuminer et photographier sous différents angles. Ces études sont donc devenues la base des tableaux, et je peux créer plusieurs oeuvres à partir d’une seule séance, en changeant les personnages, la composition et le point de vue. Je n’ai pas encore fini avec le “Guernica”. Je crois que je ne vais jamais épuiser toutes les possibilités du modèle, il possède un pouvoir sans fin pour articuler visuellement la violente complexité de la désolation, de la destruction, de l’horreur et de la conquête, à travers une narration trompeusement simplifiée.

Ron English

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