Cartographies sous silence. Espaces de répression franquiste.
Dans cette exposition, son auteure Ana Teresa Ortega nous présente les résultats d’un travail dans lequel, à la capacité et la force artistique qui caractérisent son oeuvre, se joint la recherche exhaustive menée dans différentes archives des empreintes graphiques des lieux et édifices transformés en centres de répression et d’enfermement aux mains du franquisme pendant des décennies. Recherches, à vrai dires, qui dans cette exposition mettent en relief la valeur documentaire de l’image photographique.
Temps d’un passé toujours présent, pasée d’une mémoire qui se résiste à disparaître, absences douloureuses ayant laissé des traces durables non seulement dans les mémoires mais encore dans les lieux où elles se produisirent. Tout cela est rendu par l’auteure dans cette exposition.
Voici l’apparence tranquille que présentent aujourd’hui, soixante-dix ans après, les espaces qui en leur temps servirent d’emplacement aux camps de concentration franquistes. Ce sont des lieux silencieux, comme s’il n’y avait en eux nul terrible secret à occulter. Ce pourrait être le cas, car en ces lieux l’horreur se déroula au vu de tous, en pleine lumière, minute après minute, se prolongeant au fil des jours, des semaines, des années… Ce ne fut nullement l’irruption inopinée de quelque chose de monstrueux sortant de quelque bouche insoupçonnée, dans la nuit la plus profonde; ce fut la lente application d’un plan d’administration total ayant prise sur la vie et sur la mort.
Ils commencèrent à exister à partir de l’automne 1936, à mesure que devint de plus en plus clairement que ce qui aurait dû avoir été un coup d’Etat s’était mué irrémédiablement en guerre civile.
Il y en eut de toutes sortes, par eux passèrent des centaines de milliers de personnes. Il y eut des camps d’évacuation, des lazarets, des camps de triage et des camps pour prisonniers classés “afectos dudosos [acquis à la République”] et “desafectos non coupables de crimes de sang”, des camps pour membres des brigades internationales, pour invalides… Au point qu’il y eut un projet de camp pour mineurs, et l’on dit aussi que dans certains cas, on doit parler de “camps d’extermination”.
Rien de tout cela n’est secret. La trace écrite des évènements qui s’y déroulèrent en est conservée, souvent de façon fort détaillée. Dans des milliers de liasses administratives déposées dans des archives ou des magasins, en attente de classification.
Dans le silence, aussi.
- Vidéo de la présentation 1/2
- Vidéo de la présentation 2/2
zuzendaritza@bakearenmuseoagernika.eus