Sofía Gandarias: Gernika
Le “Guernica” de Picasso s’est converti en une image qui exprime la barbarie de la guerre au XXème siècle. Il s’est établi comme le canon, le prototype pour montrer l’horreur. Les chefs d’oeuvre, tout comme un grand livre d’étude, ont défié et stimulé tous les artistes, les invitant à la copie et la paraphrase. (…) (…)
Gandarias a réalisé une fresque du 7 metres sur 2, à l’huile sur toile, avec des éléments de collage, tels que du papier de soie, de la toile de jute, etc.
C’est un tryptique avec trois scénes. A gauche, de profil une femme enceinte se profile devant une procession de foetus en face de l’église de Saint Jean, sa montre s’est arrétée à l’heure du bombardement. À droite un groupe de vieilles femmes et des veuves contemplent la scène. Au centre une croix avec une main qui se prolonge à l’infini du Times dans la chronique de George Steer comme une légende basque d’un poème de León Felipe.
Dans les images féminines de Gandarias la tendance au grotesque, du cri ou du rire, n’est pas une tendance à la caricature. C’est une tendance à la nudit`é. Comme l’a écrit José Saramago ‘les toiles de Sofia Gandarias sont ces miroirs peints, d’où l’on a retiré son image recomposé, ou même cachée’.
Sofia Gandarias construit sa fresque dans le giron d’images diffuse, mais qui veulent être réelles, plus essentiallement humaines, que celles totale profilées de la réalité. En faisant cela Gandarias lance, tout comme l’a fait Francis Bacon le genre humain dans un abéme non défini en perspective, mais dans lequel se maintient l’angoisse de sa présence. Ce n’est pas la rétention de ce qui est fugace qui l’interesse, mais plutôt le pathos de son existence.
La réflexion formelle de Sofia Gandarias, tout comme celle de Bacon, comme celle de Giacometti ou celle de Music, est une réflexion visuelle sur la figure défigurée, non seulement converti en ombre expressive, encadrée dans les cadres comme on encadre les-faire-apart de décés ou appuyée sur ses propres pieds de pédestale, mais encore fondamentalement converties en érosion, en fuite d’elles-mêmes.
Kosme de Barañano
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